Audioguide sur l'histoire de Romilly
Un audioguide formidable sur l'histoire de la commune. Une initiative des élèves de 5ème E du collège de Romilly : 18 monuments sont illustrés, commentés et positionnés dans Romilly.
La commune de Romilly-sur-Andelle avait pour projet la création d’un lotissement à l’ouest de l’église paroissiale Saint-Georges. L’emprise du projet englobe l’ancien prieuré Saint-Crespin, situé le long de la rue de la libération, au niveau du carrefour avec la rue Saint-Georges.
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Devant l’extrême sensibilité archéologique de ce secteur, des diagnostics ont été effectués par l’Institut National de Recherche Archéologique Préventive (INRAP) au début de l’année 2005. Face à l’ampleur et à l’état de conservation des vestiges archéologiques, le Service Régional de l’Archéologie a établi une prescription de fouille préalable aux constructions.
Cette opération s’est déroulée entre décembre 2005 et avril 2006 sur la parcelle de M. DOURVILLE, et depuis juillet 2006 sur la parcelle de M. BOURGEAU. L’intervention s'est étalée jusqu’en juillet 2007, sous la direction de David JOUNEAU, responsable scientifique de l’opération, et de Mark GUILLON, anthropologue, tous deux rattachés à la base INRAP de Rouen.
L’occupation de ce secteur de la vallée de l’Andelle est assez ancienne En effet, plusieurs silex taillés (racloirs, grattoirs, lames) attribuables au néolithique ont été collectés dans les colluvions lors du décapage, ce qui atteste de la proximité d’un habitat préhistorique. Par ailleurs, de nombreux vestiges de l’Age du Bronze et de l’antiquité ont été observés entre le cimetière actuel et la grange de Saint-Crespin.
Cependant, sur l’emprise de la fouille, l’occupation est essentiellement médiévale, avec un habitat commençant au début du VIIe siècle.
Cet habitat, constitué de maison en bois et de parcelles (jardins ou vergers) concomitantes sont vraisemblablement le long de la route, qui est un axe ancien reliant Pître à Pont Saint-Pierre, deux bourgs importants au Haut Moyen Age. Ces habitations n’ont pour l’instant pas été mises au jour. Ce qui a été mis en évidence est en fait la périphérie de cet habitat, caractérisée par une zone de stockage des récoltes et par des activités artisanales diverses. Toutes les structures sont datables des IXe au XIe siècles. Plusieurs silos ont ainsi été fouillés, ainsi que deux fours à pain et des structures artisanales dont la fonction est extrêmement difficile à déterminer.
Le village est bordé au nord par son cimetière, organisé autour d’un édifice cultuel.
Une première église, de taille modeste, est construite avec des blocs de silex et de calcaire liés au mortier de chaux. Elle est constituée d’une petite nef, presque carré, et d’un choeur en abside légèrement écrasé. Ce premier édifice religieux, assez mal conservé, est daté entre le VIIe et le Xe siècle. Au Xe ou au XIe siècle une nouvelle église est construite, sur la précédente. De taille plus importante, elle est constituée d’une nef rectangulaire divisée en au moins deux travées, épaulées par des contreforts plats, et d’un chœur en abside plus étroit.
La première campagne de fouille sur le cimetière s’est déroulée du 12 au 23 décembre 2005 sur l’angle nord-ouest du cimetière (parcelle Dourville). Au lieu des 12 tombes estimées, 40 fosses sépulcrales ont été décelées sur 3 niveaux. Il a été fouillé et prélevé 15 sépultures en décembre et une deuxième campagne sur cette parcelle a été prévue et exécutée en avril 2006. Cette fouille était donc un préalable à une grande campagne sur la quasi-totalité du cimetière, conjointement à celle des ensembles bâtis. Chronologiquement, aucun mobilier en place n’a été livré par ces tombes, alors que quelques sépultures du diagnostic, situées plus au centre du cimetière, ont livré du mobilier du haut Moyen Âge. Cependant, les tessons découverts dans le remplissage des tombes fouillées ne contredisent pas cette chronologie, qui n’est certes qu’un terminus et sera complétée par plusieurs dates radiocarbones sur les os humains issus des deux premières campagnes.
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Sur la parcelle Bourgeaux, la centaine de sépultures fouillées à ce jour (novembre 2006) sont attribuables à des sujets adultes (les 2 sexes sont présents) et à des enfants. Sur la périphérie du cimetière, ces derniers n’appartiennent pas aux plus jeunes classes d’âge mais aux classes 5-14 ans. En revanche, les zones autour de ce qui est maintenant identifié comme l’église, les sépultures de tout petits apparaissent en grand nombre ce qui re-équilibre (en partie) la distribution par âge de la population inhumée et est plus compatible avec ce que l’on connaît de la mortalité des sujets de moins de 1 an au Moyen Âge. Nous sommes pour l’instant en présence des premières tombes de petits et nous attendons à en découvrir beaucoup dans la zone des bâtiments et sous ces derniers.
Chronologiquement, les sépultures sont mieux datées que pour la parcelle Dourville : les tombes les plus anciennes contiennent pour certaines du mobilier en place, vases, boucles de ceinture et fibule, qui les situe sans aucun doute à la période mérovingienne (7e s.). Les tombes les plus récentes sont calées par la construction des premiers bâtiments conventuels. Il convient de rester prudent mais la fourchette 7e – 11e s. proposée pour l’occupation funéraire se confirme, sous réserve que quelques tombes n’appartiennent pas aux 12e – 13e s.
Durant toute cette période (VIIe-XIe siècles), les terres de Romilly-sur-Andelle appartiennent soit au chapitre de la cathédrale de Rouen, soit à l’abbaye de Saint-Ouen. Elles sont extraites de ces domaines au milieu du Xe siècle pour arriver dans les mains de la famille de Tosny, très importante dans cette région. Par héritage et par alliance maritale, Guillaume Fils Ozbern en devient le propriétaire au XIe siècle. Vassal extrêmement influent du Duc, étant l’un des principaux compagnons de Guillaume le Conquérant, il va, comme nombre de puissants, fonder son abbaye au sud d’Evreux, l’abbaye de Lyre. Il lui octroie beaucoup de terre pour son bon fonctionnement, dont celle de Pîtres, Romilly-sur-Andelle et Pont-Saint-Pierre. L’établissement bénédictin établie un prieuré à cet emplacement, nommé Saint-Crespin.
Il est difficile de dire si le vocable utilisé est celui de l’ancienne église. Tout du moins cette dernière perd elle son statut d’église paroissiale au profit de l’église Saint-Georges, construite à la charnière des XIe et XIIe siècle, et qui devient le nouveau pôle funéraire du village.
Les premières mentions du prieuré sont du XIIe siècle, et nous savons par les visites de l’archevêque rouennais du XIIIe siècle que le prieuré Saint-Crespin est occupé par deux moines. Cependant, nous n’avons aucune structure attribuable pour l’instant à cette période fondatrice.
Il faut attendre le XIVe siècle pour observer une grande phase de construction au niveau du prieuré.
Ce n’est en effet qu’à ce moment que l’église des Xe-XIe siècles est transformée en manoir. La nef reste en élévation et les maçonneries sont récupérées, alors que le chœur est arasé. Le sanctuaire laisse place à un édifice barlong doté d’une tour escalier au milieu de sa façade nord. Aucune chapelle ou église prieurale n’a pour l’heure été mise au jour, mais il est fort possible que le rez-de-chaussée ou l’étage du manoir ait abrité un petit oratoire.
Plusieurs annexes y sont accolées. A l’ouest, un bâtiment est construit dans son prolongement. Il n’en reste plus rien si ce n’est les importants celliers. Doté d’un accès au nord-ouest (l’escalier a été complètement récupéré), un premier espace excavé, originellement voûté, de 50m², devait permettre le stockage des denrées liquides et solides. Un agrandissement fut effectué un peu plus tard au XIVe siècle vers l’est, sous le manoir. Une petite cave voûtée, soutenue par deux arcs doubleaux et en parfait état de conservation, était reliée à l’ouest au grand cellier par une petite cage d’escalier de quatre à cinq marches. Au sud, un petit couloir voûté en plein cintre permettait d’accéder à une descenderie donnant dans le manoir, et par laquelle les provision devaient être acheminée vers les cuisines.
Ces dernières sont situées dans un bâtiment orienté nord sud collé au sud du manoir. Pour l’instant, nous avons pu dégager une partie d’un espace de travail dallé, doté d’une adduction et d’une évacuation d’eau, d’une sole de cheminée et d’un four à pain maçonné. La totalité de cette annexe utilitaire reste à mettre au jour.
Enfin, au nord du manoir, une magnifique grange du XIVe siècle, en très bon état de conservation, devait servir au stockage des récoltes. Entre les deux, de vastes niveaux de cours, constitués de couches de silex et de graviers compactés, ont été mis en évidence.
Enfin, plusieurs petites annexes ont été dégagées récemment, mais l’indigence de mobilier et de niveaux de sols rend leur identification bien difficile.
Au sud de la clôture du domaine, deux bâtiments ont également été mis au jour. Le premier est la base d’un colombier d’un diamètre de 6 mètres et daté du XVIIe siècle. Le second n’a pas encore été étudié.
Le prieuré est abandonné dès le XVIIe siècle. Les bâtiments sont dans un état de ruine bien avancé, et un nouveau corps de bâtiment, encore en élévation aujourd’hui, est construit à l’est. Aujourd’hui, les seuls éléments qui subsistent sont le colombier (XVIIe ou XVIIIe siècle) et la grange dîmière.
Cette fouille est loin d’être achevée, mais les premiers résultats sont extrêmement intéressants à beaucoup d’égards.
Outre le fait d’éclairer de façon spectaculaire les origines de la commune, ils permettent de répondre à plusieurs problématiques scientifiques qui font l’objet d’étude à l’échelle régionale et nationale.
Romilly-sur-Andelle nous offre la chance d’étudier les origines des paroisses, les débuts de leur organisation et leurs conditions d’implantation. Comment se tissent les relations entre les habitations, la zone d’activité agricole et artisanale et le domaine sacré des morts ? Comment la communauté villageoise perçoit elle cet espace et comment le traite t-elle ? Quels sont les gestes du quotidien accompagnant la mise en terre ? Ces questions permettent par la même occasion à se pencher sur nos propres comportements face à la mort, celle de nos proches et la notre, et de l’appréhender d’une façon toute autre.
Ensuite quelles sont les conditions d’implantation du prieuré Saint-Crespin. Quels ont été les éléments déterminants à son emplacement ? Quelles furent les décisions de la maison mère quant à la configuration du domaine. Quel aspect avait le prieuré entre le XIIe et le XIVe siècle ? N’était ce que l’ancienne église paroissiale reconvertie en chapelle prieurale ou bien y avait il d’autre bâtiments autours où vivaient nos premiers moines ? Qu’est ce qui a permis cette vaste phase de construction au XIVe siècle ? Et enfin pourquoi les bâtiments ont-ils érté abandonnés dans le courant du XVIIe siècle, bien avant la Révolution et son lot de destruction et de ventes ?
Là encore ces questions permettent de se pencher sur notre vie économique actuelle a coup de comparaison : conditions d’implantation d’une entreprise (la ferme du prieuré), son activité et son expansion (agrandissements des bâtiments), son déclin et sa délocalisation (abandon). La globalisation des moyens économiques n’est pas chose nouvelle, et le prieuré Saint-Crespin en est un bel exemple…
David JOUNEAU, responsable d’opération, INRAP
Mark GUILLON, anthropologue, INRAP
Crédits photographiques : INRAP
Mairie de Romilly-sur-Andelle (27610)
1 Ter rue Neuve
Tél. : 02 32 48 73 00
Fax : 02 32 49 28 00
mairie@romilly-sur-andelle.fr
Nombre d'habitants : 3 340
Maire : Jean-Luc ROMET
Horaires :
Mairie ouverte au public
du lundi au vendredi
de 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h30
Ouverte le samedi matin de 9h30 à 12h.
A.S.V.P. :
06 81 68 51 87 et 07 57 42 78 63 (horaires Mairie)
En cas d'urgence faites le 17
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